"Face à un cadre règlementaire européen très ambitieux dans l’énergie, nous prônons la simplification et le pragmatisme
Interview de Paul Cartuyvels, directeur délégué de Bouygues Europe
Paul Cartuyvels, directeur délégué de Bouygues Europe, représente le Groupe auprès des institutions européennes à Bruxelles. Il nous livre sa vision des enjeux européens de l’énergie à l’occasion de la Journée de l’Europe du 9 mai.
Quelle est la portée des décisions prises à Bruxelles pour un groupe comme Equans ?
"Les deux tiers des réglementations nationales sont issus de l’Union européenne : il est donc important de participer activement à ce processus législatif. En outre, une certaine typologie de projets impliquant Equans peuvent faire l’objet de financements européens. Mais l’Europe, c’est aussi un travail exceptionnel en commun, une solidarité envers les régions les plus défavorisées, un soutien à l’innovation. Ce sont 27 pays qui essayent de travailler comme un seul, notamment en harmonisant leurs règlementations. Pour des groupes comme Equans qui sont implantés à l’échelle de l’UE, c’est très positif."
Où en est l’Europe de l’énergie ?
"Après avoir importé jusqu’à 70 % de son énergie, l’Europe s’efforce depuis plus de 20 ans d’améliorer son autonomie énergétique, mais aussi d’en réduire l’impact environnemental. Aujourd’hui, tout s’est accéléré sous la pression de la crise climatique et de la situation géopolitique. On essaie de parvenir à un marché très interconnecté dans lequel les pays puissent s’entraider. Par ailleurs, si chaque pays reste souverain sur la composition de son mix énergétique, l’Europe demande à chacun de se fixer des objectifs de réduction des émissions de CO2, de déploiement des renouvelables et d’efficacité énergétique. Cette dynamique est perçue de manière inégale, selon que l’on soit en avance ou non sur ces sujets. "
Quel rôle joue l'Europe dans la transition énergétique ?
"La Commission a récemment produit ou révisé un grand nombre de textes sur l’énergie et l’environnement, générant pour des entreprises européennes de l’inquiétude pour leur compétitivité car leurs concurrents internationaux ne sont pas soumis aux mêmes règlementations. Le « Net Zero Industry Act », actuellement en discussion, se veut la réponse européenne au grand programme américain pour la transition énergétique, l’« Inflation Reduction Act ». La Commission se concentre sur les grands projets stratégiques pour produire des énergies renouvelables, orientant les financements vers les initiatives au plus haut potentiel de réduction des émissions de CO2. Parallèlement, la Commission contrôle les importations de certains matériaux produits hors UE à moindre coût et émissions carbone plus élevées : cela s’appelle le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, une « taxe carbone » dont la phase de transition va commencer le 1er octobre 2023, pour une véritable entrée en vigueur en 2026, et qui impactera aussi le Groupe. Dans l’industrie, la décarbonation est favorisée à travers le système européen d’échange de quotas d’émissions de CO2 pour les industries à haute intensité énergétique.
En tant que délégation auprès des institutions européennes, notre rôle est d’informer l’ensemble des Métiers du groupe Bouygues des réglementations en cours ou à venir, et par ailleurs de faire valoir les enjeux, contraintes et intérêts du Groupe. Ainsi, tout en nous accordant sur les objectifs, nous essayons de plaider en faveur d’une simplification et de plus de pragmatisme."
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